Boedo, sur les traces d'un tango

Boedo est un quartier à découvrir : en visiteur, sur les traces d’un tango et d’une Buenos Aires plus traditionnelle ; ou à la recherche d’un investissement immobilier, car ce quartier, avec ses prix modérés et sa forte demande locative, y est particulièrement propice.

C'est un quartier modeste, tranquille, de maisons à un ou deux étages. Composé en grande partie de maisons anciennes, avec peu d’immeubles par rapport au reste de la ville, le quartier conserve un aspect traditionnel et détendu. Quartier de travailleurs, où l’on ne voit guère de voitures neuves ni de magasins des grandes chaînes, il conserve son caractère traditionnel.

Les avenues (San Juan, Independencia...) sont larges et bordées d’arbres, en faisant un lieu agréable, malgré l’absence de parcs.

Côté transports, la ligne E le relie à Plaza de Mayo, et à la station Catedral, permettant la correspondance avec la ligne D, qui va à Palermo et Belgrano.

Quartier de tango

Un des charmes de ce quartier, c’est son histoire, très liée à celle du tango . Boedo est depuis ses origines un quartiers de travailleurs, situé au départ à la périphérie de Buenos Aires, là où venaient s’installer les nouveaux immigrants.

Peuplé de fours à briques, de moulins à céréales, en s’intégrant à la ville il a gagné des “almacenes” (le ‘magasin d’alimentation générale’) et des cafés, rapidement devenus lieux de réunion, de musique et de danse.

Le tango y est devenu très rapidement populaire, et y demeure très présent.

On en retrouve la trace dans les paroles de certains tangos, comme “Boedo” (1927, paroles Dante Linyera, musique de Julio de Caro).

Le coin de rue entre les deux avenues San Juan et Boedo est célèbre car c’est là qu’Homero Manzi composa les paroles du tango “Sur”, dans le café qui s’y trouve encore :

San Juan y Boedo antigua, y todo el cielo,
Pompeya y más allá la inundación
Tu melena de novia en el recuerdo
Y tu nombre florando en el adiós…
(1948, musique de Aníbal Troilo)

Cette inondation a longtemps été un mystère pour moi, car au-delà de Pompeya il n’y a que le Riachuelo, un petit cours d’eau impressionnant par sa pollution, pas par son étendue...
L’inondation est celle que provoque périodiquement la Sudestada, une forte tempête, lorsque ses vents puissants empêchent le Riachuelo de se déverser dans le Rio de la Plata.

Il se déverse alors dans les quartiers voisins, dont Pompeya… un petit peu plus au nord, Boedo reste au sec, avec à ses pieds Pompeya inondée.

Le coin de rue (“esquina”) a été rebaptisé “esquina Homero Manzi” en honneur au poète. Il s’y trouve désormais un grand café sombre passant des tangos en sourdine, servant à contrecoeur des cafés aux quelques touristes qui s’y aventurent. (Le même café organise des dîners-shows de tango le soir).

Heureusement, le tango est toujours présent, bien vivant, dans les écoles de tango du quartier.

Querelle d'écrivains : Aristocrates et prolétaires

Le quartier fut l’un des deux axes d’une querelle littéraire dans les années vingt. Celle-ci opposait les auteurs liés à deux revues littéraires, Martín Fierro installée rue Florida (comptant Borges entre ses écrivains), et Extrema Izquierda, installée dans le quartier de Boedo, bastion de la classe ouvrière.

Le débat portait sur le rôle de la littérature : pour ceux de Florida, la littérature était une fin en soi et il était important de renouveler son esthétique ; pour ceux de Boedo, la littérature devait servir à changer la société. Des noms célèbres sont associés à cette controverse (Borges parmi les esthètes, Arlt du côté socialement engagé...).

Il est facile d’y voir une opposition gauche-droite, en raison des quartiers, mais c’est exagéré : la controverse ne dépassait guère le débat littéraire, et plusieurs auteurs publièrent à l’occasion dans la revue adverse, ou simplement changèrent de groupe.

Louer un appartement à Boedo

Ce quartier n’est pas le premier choix pour un expatrié s’installant à Buenos Aires, surtout s’il vient avec sa famille (il n’y a ni parcs, ni école française).

C’est en revanche une option attrayante, que peu de gens connaissent, lorsque le budget est limité. Un appartement en location dans ce quartier est une option très économique, sans se trouver dans les quartiers les plus risqués tels que La Boca ou Barracas.

Investissement locatif

Boedo est un quartier idéal pour un investissement locatif. La classe moyenne est à la recherche d’appartements à prix accessibles – accessibles comparés aux salaires – et ceux-ci ne sont pas légion. Un quartier aux prix modérés génère donc une forte demande.

Or, d’une part on y observe des prix d’achat très abordables, et d’autre part, c’est un quartier riche en biens à rénover.

Or, c’est un équilibre délicat : entre les quartiers de la limite sud de la ville, assez délabrés, mais où rénover un bien ne le valorise pas ; et les quartiers tels que Palermo ou San Telmo, où les maisons à rénover ont déjà été transformées en boutiques de design ou en restaurants, et où l’on ne trouve plus de bien “à retaper” sauf à prix d’or.

Boedo réalise cet équilibre, car il comporte de nombreux biens qui, une fois rénovés, se valoriseraient ; ce n’est nullement un quartier marginal, mais au contraire très “classe moyenne”, et il est tout proche de Caballito et d’Almagro, quartiers très denses au niveau du commerce et des entreprises.

Les maisons anciennes, à très haut plafond et architecture du début du siècle, sont très recherchées des étrangers. Mais assez sombres, et sans garage, elles sont peu appréciées par les Argentins. Leurs prix se situent dans la partie basse de la fourchette.

Pour un investissement locatif, il est préférable de se tourner vers des appartements plus récents, davantage recherchés par les familles de Buenos Aires.